Conférence "Lucas Cranach peint Martin Luther"
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2017 : les 500 ans de la Réforme protestante. Un nombre fort important de manifestations se sont déroulées et se déroulent encore, en Allemagne, dans l’espace rhénan, en France aussi pour célébrer un événement qui a laissé une formidable empreinte, dans le domaine religieux bien sûr, mais aussi dans les domaines politiques, sociaux et artistiques.
Jean Arbogast et Christian Kempf, pasteurs tous les deux, ont eu un public particulièrement attentif pour la conférence qu’ils avaient proposée mardi 21 novembre: « Lucas Cranach peint Martin Luther ».
C’est sous la protection du prince-électeur de Saxe Frédéric le Sage que le moine augustin Martin Luther, devenu docteur en théologie à l’Université de Wittemberg fait la connaissance de Lucas Cranach. Celui-ci reçoit de la part du prince le monopole de la création des images de Luther. Après sa publication des « 95 Thèses » en 1516, son excommunication – il a, entre autres turpitudes, brûlé la bulle papale –, après son refus de renier ses écrits en 1521 devant la Diète de Worms, Martin Luther est mis au ban du Saint-Empire romain germanique (Charles Quint). Ce qui n’empêchera pas la Réforme, soutenue par le prince-électeur, de se propager comme on le sait.
Ces événements parcouraient bien entendu la conférence mais c’est au travers d’un prisme bien intéressant que les conférenciers voulaient éclairer l’Histoire : comment était née cette iconographie abondante (des centaines de portaits) ? quels messages portaient les images sorties des ateliers de Cranach ? comment les artistes des siècles suivants s’en étaient emparés ? Un diaporama remarquablement construit a soutenu une démonstration magistrale.
Ici,une estampe où les traits anguleux montrent un jeune moine austère, ascétique ; là, son visage est inondé de la lumière… c’est Dieu qui l’éclaire ; devant un pupitre, on voit un homme de culture pourtant proche du peuple car il traduit la Bible en langue vernaculaire ; ceint d’une auréole, c’est un prophète inspiré et saint. Ailleurs, il tient certes une épée (il a la force) mais le pommeau en est caché par la Bible que Luther tient dans une main : la parole de Dieu est une puissance qui prime sur celle de l’épée…
Parcourant après la mort de Luther les premières décennies puis les siècles suivants avec des tableaux ou gravures de Heinrich Aldegrever, Hans Baldung Grien, René Boyvin, Robert Boissard, les conférenciers ont montré comment ces artistes s’appuyaient, pour leur propre œuvre, sur celle de Cranach. Arrivant à la période contemporaine, les conférenciers terminaient par un joli clin d’œil avec... le bock de bière ‘Luther’ et le play-mobil ‘Luther’, celui-ci doté effectivement de tous les attributs vestimentaires qu’on remarque….dans les tableaux de Cranach !
Un grand moment pour l'auditoire d'une cinquantaine de personne et, par conséquent, un grand, grand merci à Christian Kempf et Jean Arbogast !
François GENEVAUX
Prochaine conférence : 31 janvier, proposée par Jean-Pierre DUPUIS - Les Incas. S'inscrire sur ce site.